mercredi 16 décembre 2015

Hiver


L'hiver comme page blanche et papier glacé
Les mots glissent sans être retenus
L'hiver aux doigts et au cœur gelés
Me souviendrais-je de mon poème au retour du printemps ?

Jimmy Jimi (2015)
[Illustration : Hiver par Echiré (2015)]



mardi 1 décembre 2015

Un matin à Nagasaki


Un nourrisson suce le sang
de sa mère
à même le sein.

Jimmy Jimi (2015)
[Illustration : photographie de Yosuke Yamahate, 10.08.1945]




jeudi 19 novembre 2015

Butô


Comment continuer à danser après Nagasaki ou Hiroshima ? Les Japonais se débarrassèrent de l'encombrant vocabulaire d’antan pour créer le butô, une danse où la beauté n'échappe pas à la violence ou à la cruauté. Je vous engage fortement à vous pencher sur les images proposées par Youtube et, en particulier, sur celles de ma compagnie préférée, Sankai Juku.

Jimmy Jimi   


mardi 17 novembre 2015

Robert Le Vigan par Louis-Ferdinand Céline


"Le Vigan, il peut tout jouer : donnez-lui un cheval et une armure, et il vous fait Jeanne d'Arc mieux qu'elle !"

Louis-Ferdinand Céline


lundi 16 novembre 2015

Yasunari Kawabata - Kyôto (roman, 1962)


Ce roman respire l'odeur entêtante des fleurs, des arbres et de la nostalgie... A Kyôto, en ce début des années soixante, nous sommes à la croisée des mondes, entre un Japon traditionnel et un pays qui s'américanise chaque jour davantage... Bientôt, il deviendra difficile de trouver ne serait-ce qu'un artisan sachant confectionner une ceinture de kimono dans les règles de l'art... Bientôt, il deviendra difficile de trouver une jeune fille désirant porter un kimono... Dans cet univers aussi trouble que magnifique, deux jumelles séparées à la naissance et élevées dans des univers différents vont enfin se retrouver... 

Jimmy Jimi 


vendredi 13 novembre 2015

Mon beau miroir


Vous devriez cesser de déchirer des miroirs,
très chère,
vous avez encore des bris de verre
plein les cils

Jimmy Jimi (2015)
[Illustration : Givr'echiré par Echiré]


Astro Light (lava lamp)


Dans un intérieur chic, à côté de la Ball Chair (pour ceux qui suivent), on se doit de trouver une Astro Light (plus communément appelée lava lamp), objet résolument indispensable comme (presque) tout ce qui est (presque) inutile ! Plus qu'à l'éclairage, cette lampe superbe est avant tout destinée à la décoration (mais elle pourra également servir de point de fixation une fois que vous aurez ingéré votre drogue hallucinogène préférée !). L'Astro Light a été inventée en 1963 par le britannique Edward Craven Walker. La chaleur de l'ampoule à incandescence à la base du récipient produit la fusion de la cire, laquelle a une densité très légèrement supérieure à celle du liquide. Par rayonnement, lors de l'augmentation de la température, la densité de la cire diminue et devient inférieure à celle du liquide. Les bulles de cire se mettent alors à monter; elles s'éloignent de la source de chaleur, leur densité augmente à nouveau et elles redescendent. Les bulles se mélangent alors puisque la température proche de l'ampoule vient à bout de la tension superficielle de chaque bulle. Avant de vous quitter, je ne saurais trop vous recommander de fouiner sur la toile, vous y trouverez différentes solutions vous permettant de réaliser des mixtures s'approchant de l'effet produit par cette lampe.

Jimmy Jimi




jeudi 12 novembre 2015

A travers toutes les pluies


J'ai suivi son parfum
à travers toutes les pluies.
Arrivé à la forêt des cryptomères,
je n'ai trouvé qu'un mouchoir
souillé de larmes.

Jimmy Jimi (2015)
[Illustration par Echiré]


jeudi 22 octobre 2015

Haïku # 3


Au petit matin
j'ai heurté un lourd nuage
qui nageait trop bas

Jimmy Jimi (2015)


lundi 19 octobre 2015

Une timidité


J'ai vécu une poignée de siècles,
misérable,
à boire l'eau de son ombre.

Jimmy Jimi (2015)
[Illustration : A L'envers... par Echiré (2015)]



vendredi 16 octobre 2015

A L'envers des virgules


A l'envers des virgules
et sous la robe d'opium,
les éléphants effervescents
revolvérisent des alexandrins en pleurs,
loin des paupières nuageuses
ou des falaises maquillées.

Jimmy Jimi (2015)
[Illustration : Jackson Pollock Mural]




mercredi 14 octobre 2015

Ball Chair


Eero Aarnio, designer Finlandais mais également photographe et graphiste, créa sa propre agence de design en 1962, alors qu'il avait tout juste 30 ans. Au départ, il travaillait essentiellement avec des matières naturelles et artisanales avant de se tourner vers des matériaux plus modernes et technologiques tels que le plastique ou la fibre de verre. A l'origine, il créa ce sublime fauteuil pour son usage personnel (sa hauteur ne dépassait pas celle d'une porte et sa hauteur fut déterminée par rapport à la vue qu'elle offrait sur son intérieur). La Ball Chair quitta son foyer quand elle fut découverte par des représentants de la compagnie Asko qui lui proposèrent de la commercialiser. Sa coque blanche et brillante en fibre de verre contraste avec son intérieur de couleur vive. Son ergonomie offre un véritable cocon à l'intérieur d'une maison ou d'un appartement. Sa coque sphérique peut pivoter sur son axe et offrir ainsi une rotation à 360°. Le fabuleux fauteuil fut présenté en 1966 au salon international du meuble à Cologne. On pourra notamment l'apercevoir dans Orange mécanique ou sur une photographie des Small Faces devenue célèbre. Plus qu'un fauteuil d'exception, c'est une véritable machine à remonter le temps : lovez-vous dans son habitacle superbe, fermez les yeux un instant, et ne vous étonnez pas si, en les rouvrant, une jeune fille en minijupe, échappée du Carnaby Street du Swinging London, vient vous apporter votre gin tonic !

Jimmy Jimi    

   

mardi 13 octobre 2015

Tommie Smith & John Carlos, Mexico 1968


16 octobre 1968, Jeux olympiques de Mexico. Tommie Smith et John Carlos tête basse, poing ganté de noir et en chaussettes... Le comité international olympique s'offusqua du geste et réclama la suspension des frondeurs. Finalement, ils seront exclus à vie... 
"Après ma victoire, déclara Tommie Smith, l'Amérique blanche dira que je suis Américain, mais si je n'avais pas été bon, elle m'aurait traité de Noir."
N'oublions jamais nos héros.

Jimmy Jimi


lundi 12 octobre 2015

Pierre-Auguste Renoir est...


"Renoir est nul !" Décidément, les Américains possèdent un don rare pour tout ce qui touche au comique. Ces derniers jours, un groupe d’olibrius a manifesté devant le Museum of Fine Arts de Boston afin que les œuvres du maître de l'impressionnisme soient retirées dudit musée. Armés de pancartes : "Enlevez-les, Renoir est nul !", "Dieu déteste Renoir" ou "reNOir", les malvoyants, menés par un certain Max Geller, n'en peuvent plus ! Quand le Guardian, qui a lancé l'information, leur a demandé pourquoi ils détestent tant Renoir, Max Geller a répondu : "Vous avez vu ses peintures ? Dans la vraie vie, les arbres sont magnifiques. Si vous suivez la vision de Renoir, vous pensez qu'ils sont juste une collection de gribouillis verts" ! Ne reculant devant aucun ridicule, le fin spécialiste a ouvert un compte Instagram sur lequel on le voit grimaçant devant les toiles où faisant des doigts d'honneur : la grande classe ! 

Jimmy Jimi
[Illustration : Danse à Bougival, Pierre-Auguste Renoir, 1883]




samedi 10 octobre 2015

Dix-huit jours


"Tu as écrit aujourd'hui ?
- Un peu
- ç'a été ?
- Faut attendre dix-huit jours pour savoir." 

Charles Bukowski (Women (extrait) 1978)


vendredi 9 octobre 2015

Bassines de larmes



Je laissai filer le lundi et le mardi car il pleuvait.
Mieux vaut éviter semblable exercice les jours d'averse.
Le mercredi, je pleurai toutes les larmes de mon corps.
Cela me prit deux heures et seize minutes
(je vous fais grâce des secondes comme des dixièmes et centièmes,
nous ne sommes pas aux Jeux Olympiques)
pour remplir trois belles bassines.
Les allers et retours dans le métro s'annonçaient difficiles,
mais j'évitai les heures de pointe.
A la fin de la journée,
j'avais déposé toutes mes larmes
sur le paillasson d'Alexandra.
Elle se lavera les pieds ou prendra des bains de siège,
peu m'importe. 

Jimmy Jimi (2015)
[Illustration : Eau 12 par Echiré]

  


jeudi 8 octobre 2015

Haïku, mais qu'est-ce donc ?


Les Japonais ignorent la rime, mais ils connaissent des jeux tout aussi réjouissants ! Pour faire le plus simple possible (la véritable codification est un vrai casse-tête nippons !), disons que le haïku est un bref poème de dix-sept mores (découpage de sons sensiblement plus fins que nos syllabes) divisé en trois segments de cinq, sept et cinq. Les puristes ajouteront que le poète est sensé évoquer une saison (même de façon très subtile) et se doit d'éviter tout sentimentalisme exagéré. Pour le passionné qui ne lit pas le japonais dans le texte, il existe un drame évident, puisque le rythme sera mangé par la traduction...

Jimmy Jimi
[Illustration : kitsunebara]

        

mercredi 7 octobre 2015

Haïku # 2


La belle endormie
essaye de rêver encore
sous les flocons rouges

Jimmy Jimi (2015)
[Illustration : photographie du film Le Secret des poignards volants de Zhang Yimou (2003)]

  


mardi 6 octobre 2015

Lisa ne ressemble pas à sa mère


Lisa ne ressemble pas du tout à sa mère.
Si seulement son père cessait de penser à son grand amour de jeunesse
chaque fois qu'il s'allonge sur sa femme...

Jimmy Jimi (2015)
[Illustration : photographie de Edie Sedgwick]


lundi 5 octobre 2015

Natacha ou pas


J'ai rencontré Natacha dans le train.
Elle ne m'a pas dit un mot.
(Si ça se trouve,
elle ne s'appelait même pas Natacha -
les filles sont si facétieuses !)

Jimmy Jimi (2015)
[Illustration : photographie de Jean Shrimpton]



samedi 3 octobre 2015

Haïku # 1


Et la lune se noie
quand les océans débordent
tout au fond du ciel

Jimmy Jimi (1er prix du Concours de Haïkus, Francopoésies 2007 de Yerres)
[Illustration : Pleine lune # 5, nuit du 4 au 5 mars 2015 par Echiré]  


vendredi 2 octobre 2015

Marc-Edouard Nabe : Encres et manuscrits


Comment Dieu (ou un type dans ce genre-là) a-t-il pu glisser autant de talents dans un si petit corps ?! Meilleur écrivain de sa génération (même si la concurrence était maigre, c'est à noter), guitariste de jazz, peintre... Et puis quoi encore ? Je ne serai pas surpris le jour où l'on m'apprendra qu'il est également devenu acteur ou danseur étoile ! Il ne vous reste qu'une poignée de jours (jusqu'au 15 octobre) pour aller admirer ses encres et ses manuscrits à sa galerie du 4 rue Frédéric Santon, Paris 5e (ouvert tous les jours de 12 à 21 heures). Depuis plusieurs décennies, ce géant passionné est mon phare dans cette époque trouble.

Jimmy Jimi
[Illustrations : Nature morte aux trois vinyles (2003) et Manuscrit 4 de Marc-Edouard Nabe]    


jeudi 1 octobre 2015

Pages blanches # 1



PAGE 1

   J'improvise sur le clavier...
  Soudain, l'écran devient tout noir, comme s'il se noyait dans l'encre. (Aujourd'hui, les écrivains ne font plus de brouillons. Il se murmure même que le stylo à plume vivrait ses dernières heures.)
   Je dois me libérer, lancer des solos... J'écris sur un miroir – il y a peut-être quelqu'un derrière qui voudra me lire. (Je me demande si ce quelqu'un est prisonnier ou s'il a traversé de son plein gré. Je me demande si c'est un curieux ou s'il a voulu s'échapper. J'imagine un labyrinthe de verre et des odeurs capiteuses. Depuis une minute (ou deux ou même trois), j'ai l'impression de deviner un visage, mais je ne discerne pas encore si c'est un homme ou une femme. Je le saurais peut-être demain ou bien jamais. Demain, j'aurais peut-être d'autres chats à fouetter.)
   Il faut être étrangement vicieux (et lâche) pour fouetter un chat. Le mien est vieux, je crois qu'il devient sénile. Il miaule toute la journée. Il a souvent soif, mais refuse de boire dans un bol, préférant l'eau de la douche. Il y a quelques mois encore, il lapait dans l'aquarium des poissons japonais. Je crois qu'ils sont morts de trouille. Je ne me voyais pas garder un aquarium vide. (Il fut une époque où je collectionnais les photographies (désormais, tout le monde écrit « photos », mais j'ai horreur de couper la tête (ou, plutôt, les jambes des mots) d'écrivains posant avec leur(s) chat(s). Je n'ai jamais rien collectionné concernant les poissons japonais. Pourtant, j'ai beaucoup collectionné dans ma vie. Je ne me demande pas ce qu'en penserait un psychiatre.)
   La nuit est tellement calme qu'elle donne envie de hurler ou de jouer un album d'Albert Ayler (cet abruti d'ordinateur a souligné le nom de ce génie qu'il ne connaît pas ; par contre, si j'écris le nom d’Adolphe Hitler, il ne souligne rien – je vous laisse en tirer les conclusions que vous voudrez...)
   Je suis certain qu'il existe des disques avec les discours d'Hitler. Il va falloir que je change de sujet, sinon, je vais encore slalomer dans le cauchemar jusqu'au petit jour.
  Je suis persuadé d'avoir déjà serré la main de gens votant pour quelque nazillon (main qui aura peut-être servie à une séance de masturbation devant la sextape de Marion Maréchal (« nous voilà » !)-Le Pen). Quand j'étais adolescent, j'ai embrassé la fille d'un ministre de François Mitterrand (l'ordinateur connaît Mitterrand) ; j'adorais la fraîcheur de sa peau et l'odeur de ses cheveux, mais ça ne m'a pas poussé jusqu'aux urnes. (Un jour, un de mes amis a croisé Mitterrand dans une librairie, il venait de s'offrir l'édition originale de Lolita.)
  Je possède quelques grands papiers, mais ils sont comme égarés au milieu des livres de poches. Je ne m'en formalise pas, l'essentiel tient dans le mot, pas dans le vélin.
   Une voiture glisse dans la nuit tellement calme.
  Demain matin, je lirai un poème de Kobayashi Issa (inutile de vous signaler que l’ordinateur ignore cet autre génie), un seul, pioché au hasard, avant de prendre ma douche. Ensuite, je fumerai une cigarette en espérant apercevoir la fleuriste...

Jimmy Jimi (2014)
[Illustration : Ciel nuageux (et venteux) à la tombée de la nuit par Echiré]