jeudi 8 octobre 2015

Haïku, mais qu'est-ce donc ?


Les Japonais ignorent la rime, mais ils connaissent des jeux tout aussi réjouissants ! Pour faire le plus simple possible (la véritable codification est un vrai casse-tête nippons !), disons que le haïku est un bref poème de dix-sept mores (découpage de sons sensiblement plus fins que nos syllabes) divisé en trois segments de cinq, sept et cinq. Les puristes ajouteront que le poète est sensé évoquer une saison (même de façon très subtile) et se doit d'éviter tout sentimentalisme exagéré. Pour le passionné qui ne lit pas le japonais dans le texte, il existe un drame évident, puisque le rythme sera mangé par la traduction...

Jimmy Jimi
[Illustration : kitsunebara]

        

15 commentaires:

  1. Est ce que tu t'imposes toi aussi des contraintes de création? Cela me fait penser à "Meurtre dans un jardin anglais" où le cinéaste évoque les contraintes des peintres contemporains, casser les règles conventionnelles mais en substituer d'autres. Par jeu? Je peux comprendre qu'une contrainte (= une règle) peut finalement bénéficier à l'oeuvre. A condition de les faire évoluer?

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    1. J'essaye de suivre les codes classiques au plus près, le souci (entre autre), c'est qu'une de nos syllabes peut faire plusieurs mores, mais j'ai décidé de m'en tenir aux syllabes. ça ne m'empêche pas d'écrire d'autres poèmes courts, mais quand je tiens quelque chose qui peut coller dans un haïku, j'essaye de faire avec les règles.

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  2. "...et se doit d'éviter tout sentimentalisme exagéré"... Et j'ajouterai sans expression trop forte d'un sentiment, d'un état. Ce qui me fait dire, sans esprit de critique (j'ai beaucoup aimé les deux que tu as publiés, surtout le deuxième) et pour te taquiner un peu, que tes haïkus, qui évoquent le sang, la noyade et le débordement, sont à limite de ce que le haîku peut supporter. émotionnelement..
    J'attends le prochain !

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    1. Oui, mais c'est très important la limite pour un haïku! Il y a une suggestion, mais pas de sentimentalisme. De plus, certains grands maîtres ce sont autorisés des dérives, alors je ne vais pas me gêner!

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    2. "expressionniste", le mot me vient enfin ! Le haïku ne peut se permettre l'expressionnisme, tout en véhiculant une émotion profonde, voilà tout l'art ! Un art de l'ellipse.

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    4. Un européen dirait: la profondeur mais sans le pathos.
      C'est ce qui est compliqué pour moi qui aime tant l’expressionnisme et me vautrer dans certaines douleurs!
      Il faut également ce souvenir de l'aspect ludique du haïku. D'aucuns sont très drôles. Dans cette catégorie, j'adore: "Pour le Mont Fuji elles coassent les grenouilles aux culs alignés"! (Oui, j'en connais un petit paquet par cœur, j'en récitais à mes enfants sur le chemin de l'école!)

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    5. Et pas non plus impressionniste... le haïku est par essence insaisissable... et parfois cependant saisissant !
      En voila un bon papa !

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  3. Svetlana Alexeievitch est Prix Noble de Littérature (nous avons échappé à Murakami, dont le "1Q84" me semble une grosse baudruche) et je vous invite à lire son bouleversant "La fin de l'Homme Rouge".

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    1. Le principal, c'est que notre ministre ne se soit pas couvert de ridicule comme l'an passé!

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  4. C'est un art sublime, d'une subtilité infinie...

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    1. Dernièrement, je me suis aperçu que deux écrivains américains parmi mes préférés citaient Issa dans leurs œuvres... Il n'y a pas de hasard!

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  5. c'est gentil de faire un bref rappel de l'esprit.
    après je suis plus sensible aux koan zen (enfin aux contes ou apories qui ne cherchent pas de "solution")... après, cet art m'effleure plus qu'il ne me touche... et je lui en sais reconnaissant... la beauté n'ayant pas à être un fardeau.

    concernant 1Q84, je connais trop de gens qui me le conseillent pour ne pas trouver cela étrange et un peu louche... une impression d'oeuvre "intense et immense et totale" qui m'apparaît comme un projet... alors que ses "moutons" reste un putain de bouquin par ailleurs.

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    1. Je comprends ton point de vue sur les contes, mais le haïku est comme une brève mais sublime claque d'amour!

      1Q84? J'ai du mal a décoder!

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  6. "1Q84", je ne te le conseille vraiment pas yggdralivre ! Je l'ai lu du début à la fin (1600 pages environ) et sans en sauter une ligne, bien que la tentation ait été très forte. Ce qui m'a poussé à finir la lecture ? Facile à lire après des journées fatigantes, les vacances et la curiosité. C'est bourré de considérations récurrentes et inutiles (par exemple, celle sur la pilosité pubienne de l'héroîne - sujet fascinant j'en conviens aisément, surtout s'il s'agit d'une Asiatique, mais encore faudrait-il en faire quelque chose), de clins d'oeil pour "connaisseurs" (les détails de la version d'une oeuvre de Janacek, autre motif récurrent). S'il ne s'agissait que de cela, ce ne serait pas bien grave, mais tout sent le frelaté, la bluette insipide, le surnaturel de pacotille... on est (très) loin de la poésie de "Kafka sur le rivage" !

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